Les personnes hypersensibles sont souvent en proie à de fortes angoisses et ce, dès le matin au réveil, mais aussi tout au long de la journée. Pour comprendre ce qu’elles traversent il est nécessaire de faire un tour d’horizon sur les manifestations de ces angoisses.
Comment cela se manifeste-t-il ?
Comment et quand ?
Pour les chanceux ou chanceuses qui n’ont pas de problèmes de sommeil, la partie n’est pour autant pas gagnée concernant les angoisses : elles peuvent se déclencher dès le réveil et parfois même provoquer celui-ci.
C’est une sensation très forte qui se manifeste tout d’abord dans le mental (ruminations, pensées récurrentes en boucle) puis dans le corps : encore allongée, la personne hypersensible éprouve une difficulté à respirer, son souffle est réduit et une sensation de blocage, de serrement au niveau de la cage thoracique se faufile sournoisement. Le cœur bat plus vite, plus fort. Cela peut être aussi une sensation d’oppression au niveau du crâne : il est envahi littéralement. Impossible de réfléchir, seule cette angoisse prend tout l’espace. Des bourdonnements d’oreille peuvent aussi se déclencher.
La personne n’a aucune envie de se lever, là bien au chaud sous la couette le monde paraît plus doux. Au fond de sa bulle, rien ne peut lui arriver. Oui mais, en même temps, cette angoisse prend tout l’espace, au point de ne plus se sentir bien sous la couette. Que faire ? Rester là à ruminer ou bien entamer la journée avec cette boule au ventre ?
Les pensées reprennent le dessus : et si je m’enfonçais dans le sol ? et si je n’existais plus ? Peut-être que mes angoisses n’existeraient plus non plus ?
Ah ça en toute logique, pour enfoncer une porte ouverte, rien de mieux 🤣
Dans les cas extrêmes, on parle d’attaque de panique : c’est le summum de la crise d’angoisse. La notion du temps n’existe plus, la personne perd tout contact réel avec le sol, son environnement. Elle vit une sorte d’effondrement de son monde, elle pense que cet état ne va jamais finir, qu’elle va mourir d’une crise cardiaque ou autre.
Christophe André explique que « lors d’une attaque de panique ou d’une crise d’angoisse, l’anxiété nous fait quitter le monde réel et nous aspire dans un monde virtuel. Dans ce monde virtuel tous les drames sont possibles. »
En fait, ces angoisses terribles ressemblent à une petite mort. Plus rien n’a de saveur, tout est gris foncé, et même carrément noir au point que la personne qui ressent ces angoisses voudrait disparaître pour ne plus ressentir cela ! Et parallèlement, tous ces symptômes physiques lui font peur : ils sont tellement forts qu’elle a l’impression qu’elle pourrait mourir.
Et tout cela est d’autant plus incompréhensible qu’hier encore, la personne hypersensible riait, était détendue, avec un moral en béton et plein de projets en cours et d’autres à faire germer !
C’est cela le quotidien pour beaucoup de personnes hypersensibles qui n’ont pas appris à reconnaître leurs émotions. Et l’angoisse est une émotion dominante quand on est hypersensible.
Pourquoi ces angoisses surviennent-elles ?
Plusieurs raisons à cela.
- Recevant les stimuli du monde extérieur de façon très forte, il est parfois compliqué de démêler ce qui concerne la personne hypersensible et ce qui pourrait être mis de côté : tout semble important à traiter. Tous les sens sont sollicités : les bruits (car on ne parle alors plus de simples sons), les odeurs (il ne s’agit pas seulement de parfums, d’effluves ou d’arômes) envahissent la sphère olfactive, les lumières (pas la lumière tamisée d’une lampe de salon, douce et reposante), les foules, l’agitation,
- Même quand les stimuli sont à dose acceptable, voire agréable à vivre, leur multitude engendre une difficulté à faire des choix. Les choses les plus simples du quotidien deviennent compliquées : dois-je prendre cette couleur de vêtement ou celle-ci, ou alors je prends les deux ? Tous les détails ont de l’importance, impossible de faire le tri.
- Ce médecin m’a été recommandé, oui mais s’il ne me convenait pas à moi ? Et si j’en cherchais un autre ? Peut-être devrai-je en ‘’essayer’’ plusieurs avant de me décider pour un suivi ?
- Ces stimuli engendrent une multitude de réactions en chaîne, notamment dans les relations sociales : tout ce que la personne hypersensible reçoit des autres l’impacte, que ce soit en joie, ou en douleur. Je vous donne un exemple : un ami lui a mal parlé, en tout cas elle a reçu ces paroles comme une agression. Et venant de cet ami, cette agression a pris de grandes proportions en même temps qu’elle ne comprenait pas que cet ami puisse lui faire autant de mal. Son mental ne fait qu’un tour : il la déteste, elle a fait quelque chose de mal, c’est sa faute, elle a dû lui dire un truc qui l’a blessé, elle se sent nulle, incapable d’avoir des amis, elle se dit qu’elle ferait mieux de rester seule, etc…. Et elle ne voit plus comment cela a pu commencer, elle est totalement démoralisée. Toute la journée elle va repenser à cet épisode, en mode rumination. Elle n’aura pas accès à un semblant de solution.
- Autre exemple : hier elle s’est disputée violemment avec son conjoint. Cela a pris des proportions terribles : phrases assassines, cris, larmes…. Ce matin elle ressent un mal-être global et ses pensées tournent en boucle sur cette dispute qui lui a laissé un goût bien amer. Elle se dit : « Que pourrai-je faire pour en reparler ? Non, mais là, revenir vers lui, même pas en rêve. J’ai trop mal. Ma colère ne décolère pas ! Je me demande si je serai capable de lui reparler aujourd’hui. » Etc.
- Ses pensées l’emmènent loin, très loin. Une idée en amène une autre, puis une autre, puis une autre, si bien qu’il lui arrive fréquemment d’en perdre le fil. Pendant ce temps la personne hypersensible a consommé beaucoup d’énergie….mentale, mais ses envies, ses projets ont pris un grand coup de frein. Son énergie physique s’est évanouie. Et elle sait que ça peut être long pour récupérer, récupérer son énergie, son envie de passer à l’action, se remettre en marche, tellement elle est épuisée.
- Dans son corps, la seule chose qu’elle est capable de sentir, c’est sa douleur là en haut du dos : tout est tendu, dur, coincé. Et plus elle y pense, plus ça coince.
Sauf que, à un moment, il faut bien sortir le bout de son nez, sortir de dessous la couette. Car, à moins de vivre seul, certaines personnes l’attendent : un conjoint, des enfants, des amis, des clients, un patron, etc.
Et faire l’autruche ne marche qu’un temps. Et surtout son angoisse ne disparaît pas malgré cette tentative de stratagème avec son cerveau.
Eh oui, désolée de vous le dire, son angoisse ne va pas disparaître si elle reste sous la couette. Il y a même fort à parier qu’elle va s’amplifier encore !
Elle ne va pas disparaître non plus si elle essaye de la gommer, de ‘’passer à autre chose’’ : plus elle lui résister, plus elle persiste. Si elle parvient à l’oublier un peu, elle reviendra la chercher, de plus en plus fort, de plus en plus douloureusement….
Pas sympa le tableau, n’est-ce pas ?
Alors comment faire avec cette angoisse ?
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Il existe de nombreuses façons d’apaiser ses émotions, ses angoisses quand on est hypersensible.
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